Adieu Christo ou L' automne à 2021

Adieu Christo et bon voyage aux cieux bleues-argentées

Adieu Christo et bon voyage aux cieux bleues-argentées

Adolescence ou quand Paris me fait penser à Téhéran, Caire, Kuwait et autres villes voilées

Un tribut à tous ceux qui vivent dans des endroits où tous et chacun peut leur arrêter et interroger. Où tous et chacun peut leur demander un changement de tenue vestimentaire ou de comportement Inspiré par Dani et Alain, mes aimables hôtes.

Alain, il y a 20 ans, quand je t'ai dit : "C'est incroyable combien Dani - devenue ton épouse - et moi sommes différentes, et combien nous nous entendons". Tu m'avais alors répondu : "Heureusement, heureusement nous sommes tous différents".

Paris et moi, ça date de 21 ans. Désormais toutes deux mûres, nous avons des souvenirs partagés. Une fois arrivée à Paris, je m'attendais à avoir des réminiscences de mes premières promenades sous la pluie dans le 18eme, et de la voiture brûlée qui barrait la rue x; de la Gare de Lyon et du TGV à Valence; de mon fils tout petit, blond et beau; de mes amies et de nos parties de cartes; des aventures secrètes, et des raclettes...

Je m'attendais à me plonger dans le passé comme il était- la découverte de la Drôme avec ses lacs et collines ; la rencontre avec Tricky et la camera numérique qu'il nous a donnée quand personne d'autre n'en avait ; les interminables discussions avec des étrangers autour d'innombrables verres de vins dans les bars de Valence, Paris, Lyon, Cassis, Cannes et autres - La France quoi.

Et effectivement, j'étais envahie par des souvenirs; mais pas ceux, jeunes et légers, auxquels je m'attendais, mais d'autres - sombres et frustrants, venus d'autres terres et d'autres temps...

Le matin, le voyage dans le RER vers l'Arc de Triomphe voilée de Christo, m'a rappelé un autre voyage, également bien accompagnée - Ferechtee ma bien-aimée, une jour je viendrais te chercher et je t’emmènerais devant, je t’emmènerais au dessus des gens - dans le métro de Téhéran, ligne 2, entre les stations Imam Khomeini et Shahid Baghari ; quand épuisées par la chaleur et la révolte féminine qui brûlait nos intestins, nous avons enlevé nos voiles - "Les serpillières", comme je les appelles - et nous avons entendu le soupir du wagon des femmes. Un soupir d'incroyance, de fascination, d'espoir et de peur à la fois, venant des bouches et âmes de cent femmes... pour que deux minutes plus tard seulement, à l'entrée du marchand de sous-vêtements* le vagon féminin, nous levions instinctivement les mains pour, encore une fois, la mille-et-unième ce jour-là, couvrir ces cheveux longs, bruts, sauvages, sales et magnifiques. La femme à côté de toi, Ferechtee, a eu le plus mal, car elle avait envisagé, ces dernières 68 secondes, de nous joindre dans ce geste rebelle, désespéré, suicidaire. Elle était la plus déçue.

Plus tard, pour me "rincer la bouche" du goût inattendu de Téhéran qui m'est venu quelque part entre Auber et Charles de Gaulle-Étoile... je vais dans le 18ème où, tandis que je découvre les joies pures et simples de la vie sous la forme d'un verre de Languedoc et d'un pot de pâté de porc noir, je rencontrais monsieur Gilles Ghez, peintre mondialement connu. On parle, Monsieur Ghez et moi, non pas de son art, mais de Godard et la Nouvelle Vague; et puis de Visconti; et plus tard encore de Paolo Sorrentino. On se sépare. Je suis contente. À Paris je me sens comme chez moi.

Le soir je prends le RER, toujours la ligne A, et soudain je me rappelle une autre jeune femme, la dernière d'avoir mise le voile à l'université du Caire, en la lointaine année 2010, juste avant le Printemps : la fille de mes amis Donka et Amro, la magnifique Betti, moitié Bulgare, moité Égyptienne. Il faut regarder les choses en face : Paris aujourd'hui me fait penser à Téhéran, au Caire. Et pendant que je rêve la libération de Ferechtee en Iran, je laisse mon Transport for London badge "I am exempt from wearing a face covering" à ma chère amie Dani à Paris, avec la liste de tous les bistrots dont le personnel n'assume pas la fonction de Police Sanitaire et n'exige pas le pass.

Morale/Santé ... bientôt les ceintures de chasteté.

La liberté Sancho, la liberté où est elle passée?

Note : Bien que doublement vaccinée, souffrant de COVID long, et adhérant totalement à la science et à la médecine, je crois également à la liberté de choix, et en la capacité de l'humanité d'assumer sa diversité. Non seulement la diversité de couleur, de nationalité et de religion, mais surtout la différence d'opinions en son propre sein

*C'est tcomme ça dans le métro de Tehran les hommes ne sont pas interdits d'entrer dans les voitures des femmes.

Monsieur Gilles Ghez a Montmartre, 27 September vers les 18h

Monsieur Gilles Ghez a Montmartre, 27 September vers les 18h

Nation

À Nation, le guichetier m'accueille avec la question : "Un ticket pour Boissy St Léger?" "Quelle mémoire !" Je m'exclame. "Mais comment faites-vous pour vous souvenir où je vais ?" "Et comment ne pourrais-je pas, me répond-il, puisque j'ai vu votre visage".

Deux jours se sont écoulés depuis qu'il a vu mon visage... à Nation. Je répète : deux jours plus tard, à la billetterie de Nation, on se souvient de moi. Et avant que je lui demande, il enlève déjà son masque pour me montrer un sourire stupéfait, bête, excité, aimable...

La situation m'en rappelle une autre : la vielle dame koweïtienne et le docteur dans une clinique de Londres. Une fois qu'elle avait enlevé son voile - ce qui avait demandé une petite demi-heure à une équipe de cinq personne pour l'en convaincre - il ne lui avait pas fallu dix secondes pour enlever sa chemise en montrant sa poitrine. Un geste inattendu, superflu, désespéré, disant : "Maintenant qu'on a commencé, il vaut mieux en finir sans faire d'histoires", et faisant rougir toutes les personnes présentes, y compris le docteur. Ce dernier et la dame koweïtienne ont été également secoués. Tout comme moi et le bon monsieur de la billetterie de Nation, qui m'a tendu mon ticket d'une main tremblante. C'est ainsi que se font les rencontres au temps des visages couverts.

0608:0609, le temp d'explosion de port à Beirut, devient l'instant du réveil, le commencement d'un effort collective d'endurance, de résistance,l; Hady Sy, en l'exposition ' Lumières du Liban Art moderne et contemporain de 1950 à aujourd'hui', 21 septembre 2021 - 2 janvier 2022, Institut du Monde Arabe, Paris

0608:0609, le temp d'explosion de port à Beirut, devient l'instant du réveil, le commencement d'un effort collective d'endurance, de résistance,l; Hady Sy, en l'exposition ' Lumières du Liban Art moderne et contemporain de 1950 à aujourd'hui', 21 septembre 2021 - 2 janvier 2022, Institut du Monde Arabe, Paris

J'ai une condition psychologique que ne me permet pas de porter le voile

Just quand j'ai cru que c'était fini avec les réminiscence depressive et et me voila a la Gare du Nord ou.... la question de mask se pose encore une, dernier, fois.

Gare du Nord/ Aéroport Imam Khomeini. Mask/ Voile. Pareilles/ Différentes ? - je ne suis pas sûre.

La dernière chose que j'attends à Paris est " Ti ni pa in maks?" venant du vendeur de fruits à la sortie de métro Gare de Nord. Le vendeur de fruits me surveille et ce sent libre de m'interroger....

Mais si mon cher, j'en ai plein du MAX.

Au revoir Paris, peut-être à jamais.

La bonne lecture or Paris reads Ask the Dust (Demande à la poussière) Novel by John Fante, Marais

La bonne lecture or Paris reads Ask the Dust (Demande à la poussière) Novel by John Fante, Marais

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